Prostitution de luxe...
Interview d’une escorte
Reportage recueilli pour le magazine Reflet de Société.
"Une princesse abandonnéePendant un repas juste avant mes 18ans, j’apprends que mon frère va se marier à l’été et qu’il va quitter la maison. Comment un homme qui disait m’aimer pouvait me quitter pour une autre femme? Pourquoi ce n’était pas avec moi qu’il se mariait? Je n’étais plus sa princesse? Il ne me soufflerait plus cette douce parole à l’oreille? J’ai fait une série de crises sans fin. J’étais dans tous mes états, incapable de comprendre ce qui se passait. Incapable d’accepter de perdre l’homme de ma vie, ce frère qui m’avait tant aimée.
Je ne pouvais plus demeurer dans cette famille. Personne ne me comprenait. Personne ne voulait entendre ou croire ce que j’essayais de dire, d’expliquer. J’ai quitté la maison pour me débrouiller seule.
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Faire face à la réalité
Impossible cependant d’en arriver à payer un appartement, de vivre ma vie et, surtout, de ne pas quitter l’école. J’étais déterminée à terminer mes études, c’était le rêve de ma vie. Une amie, Claudia, voyant mes difficultés, me propose de m’héberger quelques temps.
Elle aussi étudiante à l’université, Claudia avait un train de vie que je ne réussissais pas à m’expliquer. De belles robes, un bel appartement. Toujours sortie pour faire la fête. Elle n’avait pas d’emploi. Mais comment faisait-elle pour payer tout cela?
Claudia, m’explique qu’elle est escorte. Surprise, choquée, dérangée, je me suis exclamée: «Tu es une pute!». Elle me répond que non. «Je suis une escorte. Une escorte de luxe. J’accompagne des gens biens et qui payent cher pour le service. On fait la fête, toutes dépenses payées, de belles grandes sorties. Et surtout, c’est payant. Très payant. Je suis payée pour m’amuser.»
Avec un boulot au salaire minimum et les études qui prennent beaucoup de place, je n’ai ni l’argent, ni le temps pour m’amuser. La vie commence à être lourde. L’objectif de réussir mon cours m’apparaît de plus en plus lointain.
On s’éclate
Claudia m’invite à une fête. Elle m’explique qu’un de ses bons clients veut avoir plusieurs filles autour de lui. Pas de sexe. Juste ma présence. Être belle et m’amuser, un point c’est tout. L’offre est tentante. J’ai le goût de sortir, de faire la fête, mais je n’ai pas l’argent nécessaire. La présence de Claudia me rassure, alors j’accepte.
Pour l’occasion, elle me prête quelques vêtements de sa garde-robe. Les plus beaux, les plus sexy. Je me pomponne, je me fais belle. Je suis tout excitée et anxieuse. Je me sens femme. Je me sens revivre.
La soirée se déroule tel que promis par Claudia. J’ai fait la fête, mangé et bu. Rien de vraiment déplacé. J’ai cependant senti quelques regards pénétrants. Claudia avait choisi des vêtements qui attiraient l’œil. Les gens m’approchaient, avaient tendance à se coller très près de moi. Je sentais leurs corps qui trouvaient toutes les occasions pour m’effleurer. À quelques reprises, des mains se sont un peu trop aventurées.
Le lendemain, je remercie Claudia. J’ai eu du plaisir et cela m’a fait du bien. Elle me sourit et me tend 1 000$. Je suis toute surprise. Elle me félicite d’avoir eu mon premier contrat comme escorte de luxe.
Je vais demeurer en état de choc pendant plusieurs jours. D’un côté, j’ai fait la fête et je me suis amusée. De l’autre, j’ai fait de l’argent facile et vite gagné pour m’aider à payer mes études. Un déchirement m’agace à l’intérieur de moi: je ne cesse de me répéter que je ne suis pas une prostituée. Je suis une escorte. Une escorte de luxe.
Finalement, je demande à Claudia d’avoir d’autres contrats. Des contrats où le client ne veut pas de sexe, mais juste la présence de belles filles. Claudia m’explique que les contrats comme la dernière fois sont tout de même rares. Il faut accepter d’en donner un peu plus pour avoir des contrats plus réguliers.
Claudia m’offre un contrat pour tout un week-end: 4 000$ pour faire la fête. J’accepte sans hésiter. C’est pour un homme bien en vue. La consommation roule à son maximum toute la fin de semaine. Je ne me sens pas à l’aise. Il loue mes services, mais j’ai l’impression qu’il veut me posséder, se venger, se défouler. Un manque de respect total. J’ai tenté de mettre des limites, de me faire respecter, mais il avait loué mes services et considérait que j’étais son esclave, qu’il pouvait faire ce qu’il voulait de moi. Je suis sortie de ce week-end, détruite. Autant physiquement que psychologiquement.
Au retour, au volant de ma voiture, je pleurais. J’avais l’impression que toute ma vie sortait par mes tripes. J’ai arrêté l’auto sur l’accotement. Mon maquillage coulait de partout. Je me sentais affreuse. Dégueulasse. Je suis sortie de la voiture en direction du champ. J’ai enlevé la bague que je m’étais achetée pour me gâter et je l’ai tirée au bout de mes bras. Toute ce luxe ne valait pas les souffrances que je subissais. Je suis retournée chez moi. J’ai pris des douches pendant des heures et des heures. Mon corps avait besoin de se purifier de tout ce qu’il avait subi. J’avais beau me laver, rien ne semblait partir. J’ai soigné ce corps que je ne reconnaissais plus et qui était abîmé.
J’avais abandonné mon cours. Les fêtes et la consommation avait pris toute la place dans ma vie. J’ai fait beaucoup d’argent. J’étais devenue une acheteuse compulsive. Je manquais de garde-robes pour y entasser tous les souliers et les vêtements que j’avais achetés. La majorité de ces habits, je ne les avais même pas portés.
Une vie de luxe mal acquise. Une cage dorée où j’étais prisonnière.
Une nouvelle garde-robe
J’ai tout arrêté. Fini la fête. Fini la consommation vide de sens. J’ai repris contact avec de bonnes personnes qui m’ont aidée à reprendre une vie normale. Une vie dans laquelle je me sens moi-même. J’ai dû réapprendre à faire du ménage, à faire la cuisine, à laver la vaisselle. Je remercie toutes ces personnes qui m’ont soutenue. Je n’aurais jamais réussi à faire tout cela seule.
A fond sur les Buzzs
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